Accompagner son amoureux vers la mort est une expérience très personnelle, intime. Malgré l’entourage, le support et la présence des amis et de la famille, il n’en demeure pas moins que le sentiment de solitude nous habite constamment.
L’expérience en soi est unique. Les points de repère sont rares et il est difficile de s’identifier à des gens ayant vécu ce genre de situation. Avec Martin, j’ai suivi mon instinct à plusieurs reprises. Avec du recul, je réalise à quel point nous possédons, sans le savoir, des forces et des aptitudes extraordinaires. Les moments les plus difficiles font naître en nous des forces insoupçonnées et nous donnent l’énergie nécessaire pour passer à travers.
Sans aucune prétention, j’aimerais partager quelques éléments clés qui m’ont servi de bouées de sauvetage au cours des derniers mois auprès de Martin et qui m’ont permis de garder la tête hors de l’eau. Je ne pouvais rien pour sauver Martin et pour rayer ces moments tristes de ma vie, mais je pouvais toujours décider de ce que j’allais faire de cette épreuve. C’est pour cette raison que j’ai décidé de bénéficier au maximum des ressources que j’avais.
MANGER ET DORMIR
Régulièrement, on me demandait si je mangeais et dormais. Aidez une personne malade demande beaucoup physiquement et émotionnellement. Il est primordial de penser à soi et de s’assurer d’avoir le repos et les l’énergie nécessaires pour aider l’autre. Le risque de tomber nous-même malade est présent et si l’on veut continuer à être là pour l’autre et lui fournir le support nécessaire, on se doit de penser à soi.
ACCEPTER L’AIDE DE L’ENTOURAGE
On dit que l'amitié double le bonheur et réduit la peine de moitié. Dites oui lorsque l’on vous propose d’apporter des petits repas tout faits, de venir passer quelques heures à la maison pour vous permettre de sortir ou d’aller faire vos commissions à votre place. Vous n’êtes pas super woman (ou superman!) et vous devez conserver vos énergies pour subvenir aux besoins quotidiens de la personne malade. Les amis sont aussi là pour vous écouter, vous supporter et il ne faut pas hésiter à demander leur aide dès que vous en sentez le besoin. Si un proche vivait une situation similaire à la vôtre, vous seriez certainement heureux de l’aider. Dites-vous que c’est la même chose pour eux ! Je suis très reconnaissante de toute cette aide qui m’a été offerte et je ne pourrai jamais remercier suffisamment tous ces gens qui ont été là pour nous à quelque moment que ce soit.
PRENDRE DES MOMENTS POUR SOI
Environs trois après-midi par semaine, la mère de Martin venait passer un moment avec lui. J’en profitait alors pour régler les courses, mais aussi pour aller m’asseoir dans un café, aller me faire masser ou même aller dormir quelques heures chez une copine, question de récupérer.
S’INFORMER
L’inconnu est une source de stress. On a l’opportunité de diminuer ce stress en apprenant à connaître cet inconnu, en l’apprivoisant, en s’informant. C’est ce que j’ai fait pendant que Martin était en vie : j’ai lu beaucoup sur le cancer, les médecines alternatives, la nutrition, ce qui était à proscrire. Lorsqu’il est entré aux soins palliatifs, j’ai beaucoup lu sur l’approche de la mort, la mort elle-même et le deuil. Ce processus m’a permis de me préparer à ce qui s’en venait, à me donner des points de repères, à comprendre que mes réactions étaient normales. J’ai aussi beaucoup parlé avec les bénévoles des soins palliatifs qui sont disponibles pour répondre aux questions des gens. En m’appropriant davantage les concepts de la maladie et de la mort, j’ai diminué mes craintes et j’ai conservé une plus grande clarté d’esprit tout au long de cet épisode de ma vie.
FOCUSER SUR LE MOMENT PRÉSENT
Bien entendu, il y a toujours des rendez-vous à planifier, des prescriptions à renouveler, et mille et une autre tâches à effectuer au quotidien. Cependant, il faut aussi savoir s’arrêter et apprécier les moments avec l’autre. Hier est passé et demain n’existe pas. Le moment présent, c’est ce qui compte et il faut apprendre à le savourer au quotidien. L'un des meilleurs livres que j'ai lu et qui m'aide encore depuis, c'est le livre 'The Power Of Now' (Le pouvoir du moment présent) de Eckart Tolle. C'est probablement l'un des livres qui m'a le plus marquée!
RECONNAÎTRE LES PETITS BONHEURS DE LA JOURNÉE
‘Merci pour cette belle journée qui fut magnifique’. Martin, 4 mai 2008.
Cette ligne, Martin l’a écrite de sa faible main tremblante, 6 semaines avant son décès. Pendant plusieurs semaines, nous faisions ce que nous appelions ‘nos reconnaissances’ de la journée (un exercice suggéré par un ami proche). Martin et moi partagions les moments clés de notre journée, ceux qui nous avaient fait sourire, ou qui nous avaient procurer du plaisir. Cela nous permettait d’orienter nos pensées vers des éléments positifs et de constater que malgré tout, il existait toujours, quelque part, des parcelles de bonheur.
Martin avait cette faculté de déceler les petits moments positifs de la journée. À travers les difficiles moments et les nuages de tristesse, de subtils rayons de paix trouvaient ainsi leur chemin jusqu'à la sombre chambre.
J’ai conservé le journal dans lequel il inscrivait ses reconnaissances. Chacune d’entre elle est un hymne à la vie et me rappelle que les difficultés du quotidien sont bien futiles.
PRENDRE DU TEMPS DE QUALITÉ AVEC LA PERSONNE MALADE
Les soins et la gestion des traitements, des médicaments, des courses et de tout le quotidien demandent beaucoup de temps et d'énergie. Et notre volonté de tellement vouloir bien faire pour l'autre nous fait parfois oublier de prendre des moments de qualité avec cette personne. Cette personne, c'est d'abord et avant tout notre conjoint, notre parent, notre enfant, notre ami. Il faut retrouver cette personne. Prendre le temps de simplement ETRE avec elle. Simplement lui tenir la main, par exemple (tenir la main est un des gestes les plus assurants, je trouve). Parfois, je massais les jambes et les pieds de Martin (en Asie, je me faisais parfois masser les mollets et les pieds, et c'est fou à quel point cela peut relaxer tout le corps!). Avec une bonne crème hydradante, je massais les jambes de Martin et cela aidait à la circulation sanguine. Comme il ne marchait que quelques minutes par jour, cela permettait aussi de les dégourdir. Je l'ai fait beaucoup à mon père aussi et dans les deux cas, j'avais des clients très satisfaits! :)
L’expérience en soi est unique. Les points de repère sont rares et il est difficile de s’identifier à des gens ayant vécu ce genre de situation. Avec Martin, j’ai suivi mon instinct à plusieurs reprises. Avec du recul, je réalise à quel point nous possédons, sans le savoir, des forces et des aptitudes extraordinaires. Les moments les plus difficiles font naître en nous des forces insoupçonnées et nous donnent l’énergie nécessaire pour passer à travers.
Sans aucune prétention, j’aimerais partager quelques éléments clés qui m’ont servi de bouées de sauvetage au cours des derniers mois auprès de Martin et qui m’ont permis de garder la tête hors de l’eau. Je ne pouvais rien pour sauver Martin et pour rayer ces moments tristes de ma vie, mais je pouvais toujours décider de ce que j’allais faire de cette épreuve. C’est pour cette raison que j’ai décidé de bénéficier au maximum des ressources que j’avais.
MANGER ET DORMIR
Régulièrement, on me demandait si je mangeais et dormais. Aidez une personne malade demande beaucoup physiquement et émotionnellement. Il est primordial de penser à soi et de s’assurer d’avoir le repos et les l’énergie nécessaires pour aider l’autre. Le risque de tomber nous-même malade est présent et si l’on veut continuer à être là pour l’autre et lui fournir le support nécessaire, on se doit de penser à soi.
ACCEPTER L’AIDE DE L’ENTOURAGE
On dit que l'amitié double le bonheur et réduit la peine de moitié. Dites oui lorsque l’on vous propose d’apporter des petits repas tout faits, de venir passer quelques heures à la maison pour vous permettre de sortir ou d’aller faire vos commissions à votre place. Vous n’êtes pas super woman (ou superman!) et vous devez conserver vos énergies pour subvenir aux besoins quotidiens de la personne malade. Les amis sont aussi là pour vous écouter, vous supporter et il ne faut pas hésiter à demander leur aide dès que vous en sentez le besoin. Si un proche vivait une situation similaire à la vôtre, vous seriez certainement heureux de l’aider. Dites-vous que c’est la même chose pour eux ! Je suis très reconnaissante de toute cette aide qui m’a été offerte et je ne pourrai jamais remercier suffisamment tous ces gens qui ont été là pour nous à quelque moment que ce soit.
PRENDRE DES MOMENTS POUR SOI
Environs trois après-midi par semaine, la mère de Martin venait passer un moment avec lui. J’en profitait alors pour régler les courses, mais aussi pour aller m’asseoir dans un café, aller me faire masser ou même aller dormir quelques heures chez une copine, question de récupérer.
S’INFORMER
L’inconnu est une source de stress. On a l’opportunité de diminuer ce stress en apprenant à connaître cet inconnu, en l’apprivoisant, en s’informant. C’est ce que j’ai fait pendant que Martin était en vie : j’ai lu beaucoup sur le cancer, les médecines alternatives, la nutrition, ce qui était à proscrire. Lorsqu’il est entré aux soins palliatifs, j’ai beaucoup lu sur l’approche de la mort, la mort elle-même et le deuil. Ce processus m’a permis de me préparer à ce qui s’en venait, à me donner des points de repères, à comprendre que mes réactions étaient normales. J’ai aussi beaucoup parlé avec les bénévoles des soins palliatifs qui sont disponibles pour répondre aux questions des gens. En m’appropriant davantage les concepts de la maladie et de la mort, j’ai diminué mes craintes et j’ai conservé une plus grande clarté d’esprit tout au long de cet épisode de ma vie.
FOCUSER SUR LE MOMENT PRÉSENT
Bien entendu, il y a toujours des rendez-vous à planifier, des prescriptions à renouveler, et mille et une autre tâches à effectuer au quotidien. Cependant, il faut aussi savoir s’arrêter et apprécier les moments avec l’autre. Hier est passé et demain n’existe pas. Le moment présent, c’est ce qui compte et il faut apprendre à le savourer au quotidien. L'un des meilleurs livres que j'ai lu et qui m'aide encore depuis, c'est le livre 'The Power Of Now' (Le pouvoir du moment présent) de Eckart Tolle. C'est probablement l'un des livres qui m'a le plus marquée!
RECONNAÎTRE LES PETITS BONHEURS DE LA JOURNÉE
‘Merci pour cette belle journée qui fut magnifique’. Martin, 4 mai 2008.
Cette ligne, Martin l’a écrite de sa faible main tremblante, 6 semaines avant son décès. Pendant plusieurs semaines, nous faisions ce que nous appelions ‘nos reconnaissances’ de la journée (un exercice suggéré par un ami proche). Martin et moi partagions les moments clés de notre journée, ceux qui nous avaient fait sourire, ou qui nous avaient procurer du plaisir. Cela nous permettait d’orienter nos pensées vers des éléments positifs et de constater que malgré tout, il existait toujours, quelque part, des parcelles de bonheur.
Martin avait cette faculté de déceler les petits moments positifs de la journée. À travers les difficiles moments et les nuages de tristesse, de subtils rayons de paix trouvaient ainsi leur chemin jusqu'à la sombre chambre.
J’ai conservé le journal dans lequel il inscrivait ses reconnaissances. Chacune d’entre elle est un hymne à la vie et me rappelle que les difficultés du quotidien sont bien futiles.
PRENDRE DU TEMPS DE QUALITÉ AVEC LA PERSONNE MALADE
Les soins et la gestion des traitements, des médicaments, des courses et de tout le quotidien demandent beaucoup de temps et d'énergie. Et notre volonté de tellement vouloir bien faire pour l'autre nous fait parfois oublier de prendre des moments de qualité avec cette personne. Cette personne, c'est d'abord et avant tout notre conjoint, notre parent, notre enfant, notre ami. Il faut retrouver cette personne. Prendre le temps de simplement ETRE avec elle. Simplement lui tenir la main, par exemple (tenir la main est un des gestes les plus assurants, je trouve). Parfois, je massais les jambes et les pieds de Martin (en Asie, je me faisais parfois masser les mollets et les pieds, et c'est fou à quel point cela peut relaxer tout le corps!). Avec une bonne crème hydradante, je massais les jambes de Martin et cela aidait à la circulation sanguine. Comme il ne marchait que quelques minutes par jour, cela permettait aussi de les dégourdir. Je l'ai fait beaucoup à mon père aussi et dans les deux cas, j'avais des clients très satisfaits! :)